Pionnière de l’or éthique et de la joaillerie durable.

Dorothée Contour dessine les bases d’une nouvelle joaillerie française, durable et conduite par la recherche de sens. La créatrice cherche à remettre en cause et challenger les codes du milieu, elle invite à se poser des questions et fait un « pas de côté ». Certifiée ESS (Entreprise Sociale et Solidaire), JEM – la maison qu’elle a créée en 2009 – porte un nom qui révèle sa quête : Jewellery Ethicallly Minded. Portrait d’une femme engagée.

« C’est par le bien et le beau qu’on peut générer de l’inspiration pour faire changer les choses. »

Quel a été le déclic pour vous lancer dans la joaillerie, et le parcours qui vous y a menée ?

J’ai découvert la filière de l’or en 2010 et j’ai été bouleversée par les conditions d’extraction aurifère dans les mines : la présence de mercure, l’absence d’eau potable aux alentours, le travail des enfants, les dangers d’ensevelissement… En même temps que j’étais confrontée à ce tableau noir, j’ai fait la rencontre de l’ONG ARM ou Alliance for Responsible Mining et de leur solution qui s’appuie sur une initiative émanant de la communauté minière elle-même. J’ai été séduite par leur engagement, qui a mené au label Fairmined gold. L’entrepreneuriat et la joaillerie s’imposèrent alors à moi comme une évidence : en 2010, JEM, première Maison française de joaillerie éthique, voyait le jour.

Quelle est votre singularité dans le monde de la joaillerie ?

Je lutte depuis des années pour réconcilier Beau, Création et Engagement. Je suis en recherche constante d’équilibre entre le sens et le design. Ainsi, JEM allie artisanat traditionnel et design épuré. C’est ce dernier qui a commencé à faire le succès de la maison : un design intemporel, empreint de sobriété, un travail minimaliste autour des courbes et des lignes. Désormais, le fait que le développement durable irrigue toutes les pratiques de production, et que la philosophie est au cœur de la démarche de création, comptent de plus en plus.

Quelles-sont vos sources d’inspiration ?

Ce sont mes rencontres. Avec les mineurs de Colombie, d’abord, puis, récemment, avec Justin Hunter, biologiste marin des îles Fidji. Il est à l’initiative du programme Blue Pledge, qui réunit plusieurs perliculteurs du Pacifique cherchant à contribuer de manière concrète à la santé des océans et du climat. C’est l’un des pionniers dans la définition de l’ « économie bleue circulaire ». Les océans sont le nouveau territoire d’engagement de JEM. Chaque bijou de la maison paré de perles ou de nacre s’accompagne de l’adoption d’un corail, soigné et transplanté par Coral Guardian. Les nuances intenses de bleu ou de vert qui ornent les bagues de la collection Etreintes ont introduit la couleur dans la marque.

Quelle est votre motivation au quotidien ? 

Ce qui m’anime, c’est le rôle de l’entreprise d’aujourd’hui dans la transformation sociétale et environnementale. Dans le monde du luxe notamment, l’entreprise a un grand rôle d’influence. Motivée par la confiance, l‘optimisme, je pense que quand l’on veut, l’on peut, à condition de persévérer.

Quelle est votre vision de votre métier ? 

La joaillerie contemporaine se doit d’être éthique. Toutefois, la joaillerie durable ne concerne que 5 à 6 % du marché à l’heure actuelle. Le scepticisme est malheureusement grandissant à cause du greenwashing. Parallèlement, j’observe un changement depuis 3 ou 4 ans : une demande grandissante, de la part des clients, de renseignements et d’informations ainsi que de transparence et une envie que les marques qu’ils consomment s’engagent.

Votre collection préférée ?

La collection « Etreintes », dessinée par Pauline Deltour. J’aime que l’on puisse faire évoluer et combiner à l’envie ses bagues.

Votre bijou préféré ?
 
Je ne me sépare jamais de ma manchette « Octogone ». Ses angles et ses facettes, alliées à l’éclat de l’or, en font un bijou extrêmement lumineux.

Que signifie pour vous être femme créatrice au XXIème siècle ?

Contribuer au progrès social et environnemental, grâce à une traçabilité des matières utilisées et à la construction d’une chaîne de valeur à la fois durable, transparente et désirable ainsi que de faire travailler des artisans français. Et enfin, concevoir des bijoux dans une logique de pérennité esthétique afin d’encourager les clients à les garder, les préserver de la volatilité des désirs.

J’ai envie de transmettre des valeurs à travers le bijou, qui prendrait alors symbole de totem lui-même : un bijou porteur de sens et d’un élan qui fasse bouger les lignes.

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