Une bijoutière contemporaine investie.

Née à Bogota, Andrea Piñeros a un mantra : « l’union fait la force ». Elle est persuadée que c’est à plusieurs que l’on réussira à donner une meilleure visibilité à la bijouterie-joaillerie. Elle vit donc son métier comme une aventure de transmission et de partage. Par ailleurs, pour elle, le bijou est un support d’expression de soi, qu’elle veut rendre accessible à tous et désacraliser. Ses créations à la dimension sculpturale, résultant d’une grande technicité, sont intemporelles et sans artifice ; à la croisée de l’art, du design et de l’artisanat. Rencontre avec une bijoutière investie.

« Un seul bijou renferme en lui-même tout ce qu’il veut dire. »

Quel a été le déclic pour vous lancer dans la joaillerie, et le parcours qui vous y a menée ?

C’était plus un chemin qu’un déclic. J’ai grandi en Colombie, dans une famille d’artistes et d’entrepreneurs, entourée de thématiques liées aux expressions artistiques, aux savoir-faire manuels et à la création de projets. L’idée d’être indépendante m’est venue assez tôt pendant mes études en design industriel. Alors que j’adorais dénicher la pièce rare, que je portais beaucoup de bijoux, j’ai appris qu’on pouvait les concevoir et les fabriquer soi-même. A partir de ce moment-là, le bijou est devenu pour moi le support idéal alliant créativité, savoir-faire et entrepreneuriat.

Quelle est votre singularité dans le monde de la bijouterie-joaillerie ?

Très vite, je me suis investie dans l’organisation d’expositions et d’événements, un aspect très enrichissant pour ma pratique. C’est l’une des belles découvertes que j’ai faites à mon arrivée en France, cette capacité des gens à s’investir dans la construction de projets à caractère associatifs. Cela m’a inspirée. Je contribue à l’organisation de la triennale « Parcours Bijoux » à Paris, ayant pour objectif de braquer les projecteurs sur les différentes expressions de la bijouterie, au-delà du luxe et de la mode. Et j’ai créé l’atelier « Elemento », situé à Belleville, lieu dédié à la pratique, au partage et à la transmission du savoir-faire joaillier, où l’on peut s’initier ou se perfectionner tout au long de l’année.

Quelles-sont vos sources d’inspiration ?

Ce sont mes voyages. D’autre part, le fait de résider dans un pays dans lequel je n’ai pas grandi, m’a permis de construire mon propre regard sur les choses. J’ai comme un filtre qui empêche qu’on m’impose des choses prémâchées et qu’on me dise qu’il y a une vision unique.

Quelle est votre motivation au quotidien ?

M’impliquer, partager et transmettre : ma vision n’a d’intérêt que si elle peut se construire et se nourrir grâce à une émulation de groupe. Je fonce et je suis toujours partante pour démarrer des projets qui nourrissent ma curiosité et mon envie de partager.

Quelle est votre vision de votre métier ?

Je me pose les questions suivantes : comment, à travers le bijou, l’homme s’exprime-t-il ? Comment le bijou lui permet-il de trouver son identité ? Quand quelqu’un achète l’un de mes bijoux, je partage quelque chose d’assez intime et je touche la personne par ma vision esthétique.

Votre pièce préférée ?

J’ai des bijoux fétiches que je porte, en fonction de mes états d’âme.

Votre collection préférée ?

À travers ma marque éponyme, je m’exprime en tant que créatrice, avec deux démarches différentes : une démarche plus commerciale, sous forme de collections de petites séries, et une démarche plus artistique, qui répond à des questionnements plus personnels, via des pièces uniques.
La collection « Entretoise » incarne le challenge d’allier une identité créative avec une mise au point technique efficace et un développement commercial complet.

 

Pour ce qui est des pièces uniques, elles sont issues de la thématique « Ailleurs », qui a servi de fil conducteur à l’exposition collective de plusieurs artistes ayant choisi la France comme pays de vie. Dans ce cadre, mon point de vue se porte sur la mise en lumière de tout ce qui, dans une société, nous limite – ces carcans qui nous enferment dans notre propre culture – et comment on se construit généralement à travers le regard de ceux qui nous entourent.

Comment rêveriez-vous le bijouterie-joaillerie de demain ?

La joaillerie de demain dont je rêve serait affranchie des grandes enseignes pour s’enrichir de la personnalité de ses créateurs, de leur sensibilité dans la recherche de la forme et dans la sublimation de la matière. Mais le public a besoin de connaître d’avantage la réalité de la pratique et de ses acteurs. C’est pour cela que je m’investis dans l’organisation du « Parcours Bijoux », dont la prochaine édition aura lieu au mois d’octobre 2023 à Paris, afin d’ouvrir les regards sur cette pratique si foisonnante d’inventivité et d’expressivité qui manque encore d’adeptes.

M’impliquer, partager et transmettre : ma vision n’a d’intérêt que si elle peut se construire et se nourrir grâce à une émulation de groupe.

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